Le jour où j'ai failli mourir 4 fois

Publié le par Barbibeee

Oui, vous avez bien lu, même si vous vous en fichez, aujourd'hui (mercredi 15 juillet 2009, pour la postérité), Barbara Garnier née Garnier (vu qu'elle n'est pas encore mariée), a failli mourir 4 fois :
- d'épuisement
- de panique
- de froid
- écrasée par une voiture.

Mais commençons par le commencement : il était une fois dans un pays fort fort lointain ( de l'autre coté de la Manche, c'est pas rien), une très belle et douce jeune fille (c'est moi) qui faisait un stage à l'Université de Birmingham.

Bref, tout ça tout ça.

Hier, vers midi, Allan, mon tuteur pour mon projet sur l'hydrogène, m'annonce avec une légèreté naturelle que le lendemain à 11h (aujourd'hui donc), il y a une réunion avec des représentants de l'industrie britannique. Il y aura tout notre groupe de chercheur et il me revient de faire une présentation de l'avancement de nos recherches.
[reboot du cerveau]
"Could you repeat please ?" tente-je.
" Une présentation de l'avancement de nos recherches"
"En anglais ? " retente-je
" Bah c'est mieux oui"

Voila, il est midi et je dois préparer un beau powerpoint (pas dur) qui présentera à des gens que je ne connais pas, un sujet que je ne connais pas non plus, dans une langue presque inconnue. Après avoir extirpé quelques informations sur ce qu'ils attendaient de moi, je me mets au travail et prépare la présentation de nos différentes expériences, dans l'ordre chronologique.

17h : J'ai presque fini mon ppt, je rajoute des images mais les photos des résultats sont sur mon pc à la maison. Allan trépigne d'impatience, 17h c'est tard quand même. Je lui remets mon beau ppt et il me promet de regarder ça ce soir et de me renvoyer la version "corrigée" le plus tot possible (ASAP pour les anglophones). On se donne rendez-vous à 9h *sic* le lendemain pour travailler ça.

Toute la soirée, les hippies me harcèlent pour que je leur fasse une "mock presentation". Je refuse avec vigueur, une fois demain, ça sera déjà une fois de trop.

23h30 : toujours pas de ppt corrigé dans ma boite aux lettres, "ça va, je suis sauvée, il va tellement le modifier qu'il sera obligé de faire la présentation à ma place."

Aujourd'hui :

8h : J'ai failli bien dormir. Mon coloc chinois apprécie immodérément les longues douches après minuit, et en profite pour se racler bruyamment la gorge.

8h50 : sur mon petit vélo, presque arrivée à l'Université, après la grande côte de la mort qui tue, je réalise que ma présentation et mes photos sont sur la clé USB, restée sur mon bureau...juste à coté de mes clés de maison...

9h : présente à mon poste, Allan n'est pas là, peut-être que ma présentation m'attend dans ma boite mail? Visiblement pas. J'hésite à retourner à la maison, taper à la porte jusqu'à ce que mon coloc ouvre et rapporter mes clés (USB et de maison). J'en mourrai assurément d'épuisement. Je rappelle qu'il y a une côte de la mort qui tue à monter dans les deux sens.

Heureusement, j'ai précautionneusement copié ma présentation sur le PC local avant de partir hier, on ne sait jamais si la clé USB ne va pas vous lâcher (à moins que ce ne soit vous qui la lâchiez). Bon mais ça ne me rend pas mes photos.

* Première mort évitée *

9h10 : arrivée d' Allan je tourne en rond. "Je m'en occupe dans 5 minutes" -_- il n'a même pas commencé à modifier mon powerpoint. Je lui dit pour les photos mais il dit que ce n'est pas grave.

10h30 : Allan vient de me donner ma présentation corrigée. Déjà ? il reste encore une demi-heure avant la réunion ! Mon powerpoint est passé de 15 à 7 slides : on ne va pas parler des expériences qui n'ont pas marchée. La panique monte.

Visiblement, j'irradie tellement l'angoisse que tout le monde vient me réconforter et me raconter que ce n'est rien, on sera entre amis. Il suffit d'oublier les 15 autres personnes qui me fixeront. Allan est tellement désolé pour mon angoisse qu'il me propose même de faire les 3/4 de la présentation. Mon coté masochiste me fait refuser cette merveilleuse proposition. Que je sois maudite.

Pendant les dernières minutes, mes intestins font des trucs bizarres dans mon ventre.

11h15 : Allan doit partir tôt de la réunion alors ils décident de tout chambouler pour me permettre de parler le plus tôt possible. Adorable. Et voila Rex qui me présente à l'assemblée comme une étudiante française, à Birmingham pour 3 mois et en charge des expériences sur la décrépitation, et qui fait la première présentation de sa vie. Est-ce bien de moi qu'on parle ?
Tout le monde me regarde avec grand intérêt, mêlé d'admiration et de respect. On me tend la zapette pour la présentation et c'est à moi de parler.

11h25 : J'ai fini ma présentation, je suis toujours en vie. Pendant que je parlais, je pouvais voir mon public m'écouter en fronçant les sourcils : ils n'ont rien compris. Néanmoins je suis gratifiée d'un "thank you, it was very interesting" (cf mon guide de l'anglais).
 
* Deuxième mort évitée *

Maintenant que mon tour est passé, je peux m'enfoncer dans mon siège et ne rien comprendre à ce qui se passe autour de moi. Pendant que je parlais, l'air autour de moi a dû monter dans les 50°C, je refroidis peu à peu. Bizarrement, arrivé à 37°C ça continue à se refroidir. En moins de 10 minutes je suis frigorifiée. Un courant d'air glacé passe régulièrement me balayer les pieds.
Le problème c'est que, quand j'ai froid, je m'endors. Ca ne rate jamais. Mais ça ne ferait pas très pro si la Responsable des Expériences sur l'Hydrogène s'endormait dès que sa présentation est finie. Je lutte pour rester éveillée lors des deux présentations suivante, auxquelles je ne comprends toujours rien.

12h30 : enfin ! L'heure du déjeuner est décrétée ! Enfin, l'heure faut le dire vite, ils nous ont donné une demi-heure. Je prétexte que les sandwichs du buffet ont une sale gueule pour m'échapper de la réunion, à deux doigts d'une hypothermie létale.

* Troisième mort évitée *

Le reste de l'après-midi n'a aucun intérêt si ce n'est qu'internet a soudainement disparu de mon pc et catégoriquement refusé de revenir. Une fois sorti de leur réunion, les autres m'ont apporté des sucreries et des biscuits pour me remettre de mes émotions.

17h00 : Comme nous n'avons pas les clés, nous attendons que Sabina sorte du travail pour rentrer. Enfin elle nous appelle, Miha accourt. Gentil toutou.
Après la montée de la mort qui tue, il y a la descente de la mort qui tue. Et au milieu de la descente nous devons tourner à 90° pour entrer dans notre rue. Je prends donc le virage et me retrouve nez à nez avec une voiture. Je freine des quatre fers et ne comprends pas ce qui se passe : j'ai beau aller vite, je suis restée de mon coté de la route même pendant le virage. Et oui mais c'était sans compter sur les anglais qui roulent au milieu de la chaussée. J'évite de justesse la voiture sous les yeux écarquillés de Sabina qui me voit déjà aplatie. La voiture passe à 50cm de moi et n'a même pas freiné. Enculé de rosbeef.

*Quatrième mort évitée*

Voila comment j'ai frôlé quatre fois la mort aujourd'hui. Birmingham est une ville dangereuse.
Par contre je n'ai fait aucun effort ce soir pour éviter la mort par cholestérol : pizza, fromage, saucisson, pain à l'ail et au beurre et enfin fraises accompagnées de glace au chocolat.
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P
maintenant, on attend le récit du week-end
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T
quelle vie palpitante ;p
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